Les jeunes cigogneaux du territoire du Parc national de forêts passent en ce moment la phase du baguage, réalisé avec soin par l’Office National des Forêts et l’ACETAM (programme national de baguage Cigogne noire- PP320 – déposé auprès du CRBPO). Mais quel est l’objectif d’une telle démarche ?
Le baguage est réalisé alors que les jeunes Cigogneaux sont définitivement laissés seuls au nid par leurs parents à partir de leur 3ème semaine de vie. Durant une période d’environ 20 jours (avant leur 45ème jour de vie) ils peuvent être manipulés sans risque (de chute accidentelle, ou d’abandon par les parents) par les bagueurs spécialement formés à l’opération. Au-delà ils sont trop âgés et risqueraient de vouloir s’envoler. L’envol a lieu à plus de 60 jours.
Une bague métallique marquée du code CRBPO (Museum d’Histoire Naturel de Paris) est appliquée sur la première patte, permettant à tout observateur, où qu’il se trouve dans le monde, d’identifier la cigogne et de signaler son observation au réseau scientifique.
La seconde patte est équipée d’une bague en plastique munie d’un code alphanumérique lisible à grande distance, qui peut également comporter une balise GPS. Cela permet de suivre les déplacements des cigognes par GPS. Ce suivi est plus précis et permet aux scientifiques d’avoir des données sur les déplacements, l’aire de dispersion et la survie des jeunes de manière quasi instantanée. Les études antérieures ont montré que plus des 2/3 des jeunes mourraient la première année, l’objectif de ce suivi étant notamment de mieux connaitre les causes mortalité de cette espèce longévive.
Puisqu’on ne protège bien que ce que l’on connaît bien, le processus de baguage permet non seulement le suivi de l’espèce, mais aussi l’amélioration des connaissances biologiques de la Cigogne noire, fragile et soumise à de multiples dangers (collisions, braconnage, dérangement…). Ces opérations sont donc nécessaires pour trouver des solutions de sauvegarde et de préservation des populations d’oiseaux. L’ACETAM reçoit le soutien financier du Parc national de forêts pour pouvoir réaliser ces opérations.
Comment se déroule une session de baguage ?
Après que le nid ait été localisé et que la présence de jeunes ait été avérée, les scientifiques se rendent sur place pour réaliser l’opération, après s'être assurés que les cigogneaux avaient atteint l'âge optimal pour intervenir. Le site de nidification fait l'objet d'une surveillance et d'un suivi régulier par une personne identifiée. Si toutes les conditions de sécurité sont validées, l'opération de baguage peut avoir lieu. Un nombre très restreint de personnes participent à la session pour limiter le dérangement.
Le grimpeur installe son matériel pour grimper à l’arbre où se trouve le nid. Par sécurité, un filet est tendu au pied de l’arbre pour réceptionner les cigogneaux en cas de chute. Le grimpeur professionnel accède au nid à l’aide de corde sans blesser l’arbre, il dépose délicatement les oiseaux dans un sac, qu’il descend au sol, toujours à l’aide d’une corde. Le bagueur réceptionne le sac, et procède à l’opération de baguage : pose des bagues, pose de la balise GPS le cas échéant, mesure du bec, pesée, prélèvement de plumes (pour déterminer le sexe de l’oiseau) … Les informations relevées sont minutieusement retranscrites sur un bordereau. Une fois toutes les informations récoltées au sol par l’équipe, les jeunes cigognes sont replacées dans leur nid par le grimpeur qui, à nouveau, hisse les jeunes déposés dans le sac à l’aide d’une corde. Au total l’opération dure moins d’une heure.
Le Parc national de forêts s'investit, aux côtés de l'ACETAM et de la coordination nationale ONF-LPO, dans la conservation des cigognes noires à l'échelle de son territoire, en finançant une partie des opérations et du matériel permettant d'améliorer la connaissance de l'espèce et de son aire de vie sur le Parc national. Ces connaissances accumulées lui permettront de poursuivre et d’améliorer les mesures de gestion et de conservation nécessaires à la bonne réalisation du cycle de vie de cette espèce emblématique qui témoigne de la qualité de ses forêts et cours d'eau.
/ ! \ Ces opérations de baguages sont réalisées par des professionnels habilités par le MNHN pour le relevé scientifique et l’amélioration de la connaissance de l’espèce. Il s’agit d’une opération stressante pour les individus d’une population d’oiseaux fragile, nécessaire pour parvenir à un maintien des populations, pour laquelle un maximum de précautions sont prises pour rendre l’intervention la moins stressante possible pour les oiseaux, au niveau des modes opératoires et du choix du matériel, pour prendre en compte le bien-être des individus.