Un papillon exigeant…
C’est une espèce spécialiste des forêts alluviales, c’est-à-dire parcourues par de nombreux cours d’eau, telles qu’on en trouve dans le Parc national. Le développement de ses larves nécessite en effet un taux d’humidité important, bien qu’elles aient aussi besoin d’un ensoleillement suffisant pour se maintenir en activité. C’est pour cela qu’on le retrouve exclusivement dans des milieux semi-ouverts, comme les clairières ou les abords de chemins forestiers, qui réunissent ces deux conditions.
Son cycle de vie est aussi particulier : les imagos (papillons) volent en juin et pondent sur leur plante hôte, le Frêne commun. Les larves émergent à la fin du mois de juillet. Celles-ci forment alors des colonies, tissant des nids de soie pour se protéger des prédateurs. À la fin de l’été, elles tombent au sol et hibernent jusqu’au printemps, avant de finir leur croissance et de commencer un nouveau cycle.
… Victime de nombreuses menaces
Toutes ces caractéristiques contribuent à expliquer le déclin de l’espèce, puisque la gestion des forêts devenue la plus commune au siècle dernier consiste à cultiver des peuplements denses pour produire plus de bois, ce qui ne laisse que peu d’ouvertures propices au damier. Une autre menace plus récente est la chalarose, une maladie causée par un champignon et entraînant une mortalité importante des frênes touchés. D’autre part, le réchauffement climatique va inévitablement accroître la fréquence des épisodes extrêmes que sont les canicules et les sécheresses. Tout cela risque donc de fragiliser encore plus les populations subsistantes.
Une super-protection contre les prédateurs !
La température des nids dans lesquels les chenilles d’été s’abritent est supérieure de 9°C en moyenne à la température ambiante. Lorsqu’elles quittent cet abri, elles sont prédatées par des guêpes parasitoïdes qui tentent de pondre leurs œufs à l’intérieur de leur corps. Les chenilles s’en défendent alors en projetant un liquide pouvant durcir à leur contact et handicaper leurs mouvements.
Des actions sont mises en place pour la conservation de l’espèce
Le Parc national a un rôle très important à jouer pour la survie de l’espèce en France, en adoptant des stratégies de gestion favorisant le développement de son cycle. Pour ce faire, plusieurs actions visant à mieux connaître sa répartition et les caractéristiques de ses habitats ont été engagées, dont l’élaboration d’un programme de suivi, en association avec l’Office national des forêts (ONF).
Ces efforts auront de multiples bénéfices, puisque le Damier du frêne est une espèce parapluie, c’est-à-dire que les milieux qu’elle occupe sont aussi le refuge d’un nombre très important d’autres espèces de faune et de flore. S’engager dans sa protection revient ainsi à toutes les protéger dans le même temps.
Auteur : Noa Ertzscheid